Fin juin, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guérini, a confirmé l’augmentation de 3,5% du point d’indice, base du calcul du traitement des agents, à compter du 1/07/2022, pour une valeur annuelle de 58,2004€. Il s’est félicité ce faisant d’avoir procédé à la plus forte hausse en pourcentage depuis 37 ans.
Or, cette mesure a été prise pour compenser la forte inflation actuelle, qui est déjà de près de 4% et devrait atteindre entre 7 et 10% en France pour l’année 2022. Comme on le voit, l’augmentation du point d’indice est bien inférieure à l’inflation, et n’empêche donc pas une baisse importante du pouvoir d’achat pour les agents de la fonction publique. Le ministre a par ailleurs omis de dire que c’est la 1re fois que le point d’indice augmente depuis l’arrivée au pouvoir du président Macron en 2017 : la perte de pouvoir d’achat en cinq ans est en réalité bien plus sévère, puisque depuis cette date, l’inflation s’établit à près de 11%.
Mais ce décrochage est en fait continu depuis plus de 20 ans : dès le début des années 2000, l’augmentation du point d’indice, qui suivait jusque-là globalement l’inflation malgré l’abandon en 1982 de l’indexation automatique, a commencé à être bien inférieure à celle-ci. En 2010, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a décidé de geler la valeur du point d’indice, tandis que l’inflation augmentait de 1,5% en moyenne par an. Il a fallu attendre la fin du mandat de François Hollande pour voir le point d’indice légèrement augmenter de 0,6% en juillet 2016 et en février 2017. Dès l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le nouveau gouvernement a à son tour cessé d’augmenter la valeur du point d’indice, jusqu’à aujourd’hui : en 12 ans, les traitements des agents de la fonction publique ont donc été gelés presque en continu, tandis que l’inflation augmentait de plus de 19 %. Ainsi, en 2022, la perte de pouvoir d’achat s’accentuera encore dans la fonction publique : rien n’indique en effet que ce dégel ponctuel sera réitéré de sitôt, sauf peut-être en cas de nouvelle hausse brutale de l’inflation.
Pour que les traitements des agents publics soient équivalents en 2022 à ce qu’ils étaient en 2000, il faudrait que la valeur annuelle du point d’indice soit actuellement d’environ 73€ (soit 6,0833€ par mois) ce qui impliquerait une hausse de près de 26% ! Ainsi, un professeur certifié au 11e échelon devrait percevoir actuellement un traitement brut de près de 4000€ (au lieu de 3264€), et un agrégé de près de 5000€ (au lieu de 4025€).
Si le budget de l’État ne pourrait certes pas assumer une telle compensation d’un coup, le gouvernement, pour mettre fin à 20 ans de perte du pouvoir d’achat, doit au moins pour commencer en finir avec la doctrine du gel du point d’indice et réindexer celui-ci sur l’inflation.
Ce dégel doit être couplé à de vraies mesures de revalorisation dédiées aux agents de l’Éducation nationale. Il s’agit de deux mesures indissociables aux yeux du SNALC, et qui font partie de ses revendications. S’il les applique, le gouvernement pourra enfin cesser de se demander comment faire pour qu’il y ait un professeur devant chaque élève et pour que les étudiants souhaitent de nouveau enseigner !