Jean-Rémi GIRARD

Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1473 du 27 janvier 2023

La communication politique est souvent une chose sale. La communication institutionnelle aussi.

Prenons la fausse revalorisation des professeurs, par exemple. Cela fait bientôt 10 mois que l’on nous vend le chiffre de 10 %, ou de 10 % « en moyenne ». Depuis le président candidat jusqu’au ministre, en passant par le porte-parole du gouvernement, tous nous ont asséné que, cette fois-ci, on allait voir ce que l’on allait voir. Après les mesures « historiques » (par leur faiblesse, probablement) de Jean-Michel Blanquer, là, ce serait un « choc d’attractivité » sans pareil. Finie la crise des recrutements !

Et voici qu’arrivent le réel et les vrais chiffres. Le ministre a clairement indiqué au SNALC le mode de calcul, confirmé dans des documents écrits. Un mode de calcul totalement fallacieux. En effet, pour arriver à cette moyenne de 10 %, il faut additionner :

➢ la fameuse prime qui commence en septembre 2023 (et non en janvier, comme pourtant garanti par Emmanuel Macron),

➢ le dégel (nettement inférieur à l’inflation) du point d’indice de l’été dernier, qui concerne tous les fonctionnaires,

➢ les deux anciennes tranches de « prime d’attractivité » Blanquer,

➢ la … prime informatique (mais si, souvenez-vous, les 150€ par an d’il y a 3 ans !).

Vous ne rêvez pas : on est en train d’empiler des mesures complètement disjointes, prises depuis 2020 pour certaines, pour arriver aux 10 % de moyenne. Des mesures sur lesquelles le précédent ministre avait déjà largement communiqué. Bref, on nous survend une seconde fois le produit frelaté qu’on nous avait déjà survendu par le passé. Et si vous avez des doutes, le document du ministère est sur le site du SNALC, avec le compte rendu de la réunion du 24 janvier. Document dans lequel le ministère avait malencontreusement oublié les agrégés, alors que ces derniers sont pourtant toujours des enseignants, aux dernières nouvelles (et seront donc bien concernés par cette prime).

Notons au passage que cette moyenne cache d’énormes disparités. Dans l’une des hypothèses du ministère, une bonne moitié des collègues touchera zéro euro en septembre prochain. Et dans l’autre hypothèse, une aumône insultante de 36 € net par mois. Rapporté à l’inflation, cela constitue une nouvelle perte de pouvoir d’achat. Un ministre ayant deux sous d’éthique démissionnerait, plutôt que d’aller mentir sur les plateaux télé ou devant la représentation nationale.

On vous ment également sur la réforme des retraites. Cette réforme n’apporte certainement pas plus de justice. Et un personnel AESH ne touchera évidemment pas 1200€ de retraite par mois, quand sa rémunération actuelle est un SMIC en temps partiel imposé. On vous ment aussi sur le collège, puisque des directives vont demandent de manière non règlementaire de supprimer la technologie en sixième, alors qu’à l’heure où je vous écris, ni les horaires officiels ni les programmes officiels n’ont été modifiés.

C’est pourquoi un syndicat comme le SNALC est essentiel. Il vous fournit une information fiable, de qualité. Il explique tous ces mensonges dans les grands médias nationaux et locaux, afin d’informer l’ensemble des citoyens des tromperies auxquelles on les expose. Il sait appeler à la grève s’il le faut, comme sur la réforme des retraites. Face à cette bande d’hypocrites, qui vous parlent avec des trémolos dans la voix de la nécessité de lutter contre la crise des recrutements ou pour la mixité scolaire, alors même qu’ils mènent la politique inverse, vous pouvez compter sur nous.