Madame La Rectrice, mesdames et messieurs les membres du CSA,
Nous sommes abasourdis par les effets d’annonce de notre Ministère, prompt à utiliser l’Ecole pour sa communication publique et flatter une opinion publique pour laquelle les questions scolaires demeurent primordiales. Décortiquons rapidement : La « revalorisation historique » et le « choc d’attractivité » ne vont finalement gratifier que de 92 euros la plupart des enseignants et va instaurer pour eux des missions supplémentaires pour bénéficier d’une augmentation indemnitaire, non comptabilisée pour les retraites ! Rappelons qu’un professeur travaille plus de 43 h hebdomadaires ! Une réforme des retraites qui ne veut pas voir que tant de personnels s’effondrent à mi-carrière et ne pourront pas continuer s’il n’y a pas d’adaptation au delà des 60 ans. Des concours qui ne font toujours pas le plein ! Un discours sur le supposé absentéisme des enseignants motivé par des plaintes de parents d’élèves qui aura pour conséquence une pression hiérarchique et psychologique sur nos collègues de primaire et de secondaire pour le RCD et fournir encore plus de travail, un discours prometteur sur la nécessaire mixité sociale mais qui finalement risque d’envoyer les meilleurs boursiers et non les élèves les plus en difficulté, du public vers l’enseignement privé, renforçant encore la sectorisation de la difficulté scolaire dans nos écoles. Que dire des décrets au préalable oubliés, comme celui de la formation hors temps scolaire qui quelques années après voient le jour et contraindront indirectement les plus fragiles à réaliser ces formations, liées comme par hasard au C N R donc au pacte ! En sera t il de même du décret de destruction des corps du 20 juin 2022, dont on ne parle guère pour l’instant, mais qui n’en doutons pas, accompagnera la réforme de la voie professionnelle et la fermeture prévue de tant de sections ! Les annonces de renforts des fondamentaux en 6ème ne peuvent qu’être bien perçues mais on découvre qu’elles se font sur le dos de la technologie et par la soumission au pacte ! La découverte professionnelle au cycle 4, quelle bonne idée ! Mais encore une fois, sans cadre, de façon prématurée, sans moyen et en obligeant les personnels à travailler encore plus !
Nous constatons les efforts dans notre académie sur la formation, et il faudra travailler là dessus en interne, pour travailler avec tous quand les tensions et les souffrances s’installent. Le SNALC n’a cessé de demander que les AED et AESH puissent se former tout au long de leur carrière, nous en voyons les prémices dans vos documents ! Les classes ULIS qui augmentent et qui sont bénéfiques sur le modèle collège de l’intégration au cas par cas et progressive, une segpa qui enfin voit ses formations réformées…… nous ne pouvons que nous satisfaire de ces avancées. Mais que dire du taux d’encadrement en CPE et AED dans notre académie si impactée par ses effectifs toujours si lourds et handicapants ! Il est inadmissible que des collèges HEP, alors que les indices de positionnement sociaux les placeraient dans l’EP, dépassant les 850 élèves ne voient pas leurs équipes Vie Scolaire renforcées ! C’est une bombe à retardement qu’on laisse dans ces EPLE où les violences, qui désespèrent les équipes et accroissent la fuite dans le privé ne manqueront pas de s’installer !
Ces discours qui se veulent empreints de générosité que nous servent le Ministre ne sont que la double face d’une réalité qui porte le nom de peur de l’avenir, de l’augmentation de la charge de travail, de l’inféodation à une hiérarchie toujours plus stressante sans qu’à aucun moment, on ne parle de renforcer l’autorité des personnels, de la nécessité pour les élèves et leurs familles de respecter les enseignants, de faire travailler leurs enfants à la maison ! Ce discours est il trop courageux ? Beaucoup le portent et ça va continuer. Le SNALC ne cessera de défendre la qualité et l’exigence de l’enseignement qui doit être donné, pour la dignité des personnels confrontés tous les jours à la dure mission première de transmettre des savoirs à leurs élèves.
Je vous remercie
Jérôme MOTET SNALC
