L’actualité nous impose de prendre le temps de réfléchir à la direction que prend notre institution.

Tout d’abord, il y a les déclarations d’un collaborateur travaillant au programme d’un candidat à l’élection ou d’une Mme Lang qui ne sort du bois que pour se faire la contemptrice des enseignants qui manquent de conscience professionnelle. Là, si l’on veut être trivial, disons que l’on tient du lourd. Du très lourd.

Tout d’abord, il y a la fin du concours et l’extension de la contractualisation. Ensuite, il y a une volonté de réformer le collège pour créer une sorte de premier degré s’étendant de la maternelle à la troisième.

Bien sûr, économiquement, quelle victoire ce serait pour un gouvernement menant une politique à court terme et sans aucune vision. Un enseignant par classe, avec la possibilité de créer des doubles niveaux. Un contractuel par classe, coûtant beaucoup moins en termes de formation et qui, fin du disciplinaire oblige, n’aurait pas besoin d’être un spécialiste d’un domaine. Donc, une même formation initiale pour tous. Que de moyens économisés ! Mais pour ce qui est de l’évolution de nos métiers et de l’évolution du niveau disciplinaire de nos élèves…

Pour l’heure, nous n’avons que des bruits de couloir et rien de bien concret à étudier, disséquer et critiquer. A peine de quoi commenter sur les réseaux sociaux. Mais s’opposer à du vent n’a jamais mené bien loin.

Pourtant, force est de constater que le projet esquissé ces dernières semaines par des seconds couteaux est parfaitement en cohérence avec des projets plus concrets de notre ministère, notamment le schéma directeur de la formation. Ce document est peu connu des personnels. Mais il préside à la mise en place du Plan National de Formation, lui-même décliné dans les Plans Académiques de Formation. Il est donc d’une importance capitale, d’autant qu’il court sur trois ans. Eh bien, figurez-vous que les grands absents de ce projet voué à former les personnels sont les contenus disciplinaires. Les savoirs ne sont en fait présents que lorsqu’ils sont fondamentaux (Lire, écrire compter, moucher son nez et dire bonjour à la dame). Quant aux disciplines, elles n’existent que dans leur aspect didactique (inutile d’avoir des connaissances approfondies dans son domaine, nous vous donnerons des techniques pour enseigner).

Donc, même si pour l’heure, nous ne faisons face qu’à un vent, nous devons être conscients qu’il est nauséabond. Nous devons aussi être assurés que la fin des disciplines, l’école primaire jusqu’au lycée et sa transdisciplinarité trouveront des soutiens. Donc, nous devons être prêts à dire NON à la poursuite de la casse de notre métier.

L’actualité des annonces étant très mouvante, ajoutons ici l’idée merveilleuse de la rémunération au mérite introduite le 3 mars. L’idée serait alléchante si ce mérite n’était pas mesuré à l’aune des « projets innovants », des sorties scolaires et de tout un tas de choses qui sont sans doute très intéressantes mais qui, osons le terme, sont plutôt des missions annexes. Encore une fois, l’on a tendance à oublier que la mission première d’un professeur est d’enseigner et de transmettre.

Mais sans attendre que les bruits ne se transforment en concret, il nous faut clairement exiger que l’institution nous laisse faire notre métier.

Ainsi, dans le premier degré, les dispositifs contraignants s’empilent pour venir empêcher les professeurs de faire classe et d’exercer comme les professionnels qu’ils sont.

Au collège, on expérimente, on teste en rognant sur une marge qui pourrait, devrait, servir à faciliter le travail disciplinaire et la progression des élèves.

Et que dire du lycée ? Qu’il est temps de dresser un bilan de la réforme du LGT ; mais pas seulement. Car le lycée professionnel a lui aussi connu des modifications profondes et délétères.

Sébastien VIEILLE,

secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie,

pedagogie@snalc.fr

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